Lorsqu'un diagnostic de maladie d'Alzheimer est porté, les conséquences psychologiques pour le malade et pour l'entourage sont, le plus souvent, très fortes. Alors que la vie s'écoulait jusque là de manière plus ou moins paisible, de manière plus ou moins assurée, une échéance fatale semble brusquement tomber, semble brusquement faire effraction... Pourtant, jusque là, la vie biologique a toujours été placée sous la menace d'un accident, d'une maladie, d'un événement qui impliquera des conséquences irréversibles sur la Vie (tout court). Ce n'est pas tant la perspective finale de la vie biologique (décès) qui change, puisque chacun sait bien ce qui l'attend ; c'est en fait l'échéance qui jusque là était incertaine qui apparaît brutalement fixée. En outre, les modalités de départ paraissent intolérables. Le spectre, qui jusque là se mouvait dans les profondeurs de l'âme, qui jusque là était tenu en lisière, apparaît brusquement en plein jour sous une forme inattendue.
Suivant leur caractère et leur force d'âme, le malade et sa famille peuvent réagir de différentes façons. La littérature en donne des exemples frappants au travers de deux romans déjà anciens qui parlent du thème de la mort avec des tonalités très différentes : « La Peste » d'Albert Camus (1947) et « Le hussard sur le toit » de Jean Giono (1951). Alors que dans « La Peste », des accents de désespoir apparaissent très nettement qui assombrissent considérablement l'œuvre, « Le hussard sur le toit » a un ton beaucoup plus lumineux, touchant même au bonheur de vivre, malgré le choléra.
Il est possible d'y voir deux manières de vivre sa Vie face à ses limites, face à ses difficultés, mais face aussi à tout ce qui peut en faire le prix tant qu'elle est présente, physiquement. Face à une maladie qu'on ne sait pas soigner, face à la vie biologique qui passe, certains sombreront dans le désespoir, d'autres se feront un lourd devoir de servir, d'autres encore cueilleront les dernières fleurs pour en faire le plus beau bouquet possible...
Il n'y a pas de bonne réponse, il n'y a pas La Bonne Réponse : chacun agit et réagit en fonction de ses racines, de son histoire, de sa volonté aussi... Le choix existe souvent (pas toujours), mais il peut être beaucoup plus difficile à exercer pour les uns que pour les autres...
Pour vivre aussi sereinement que possible l'Épreuve, le malade et sa famille auront souvent à parcourir ce qui a été appelé le cycle du deuil : déni, révolte, marchandage, résignation, intégration. A l'issue de ce cycle (parfois long et toujours douloureux), les personnes seront prêtes à prendre la situation à bras le corps pour en tirer le meilleur, malgré les difficultés très fortes qui ne manqueront pas de se présenter.
La maladie évoluant en plusieurs années, le malade rendant l'esprit progressivement dans une évolution, certes trop rapide, mais loin d'être brutale et instantanée, il sera possible de mettre en place un crépuscule organisé, de régler les affaires qui le nécessitent, de saluer sa famille et ses amis et parfois, quand les circonstances le permettront, de toucher, de communier encore au sublime de la Vie sur terre. La fleur, en se refermant au soir de sa vie, ne sera plus ce qu'elle a été mais aura encore un parfum et une couleur spécifiques d'une grande valeur...
Ce site ayant pour objectif de vous aider et de vous accompagner dans cette expérience difficile, vous y trouverez différents conseils pour faciliter la vie du malade et son maintien à domicile.